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Années 70
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Les lieux gay
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BARS
- DISCOTHEQUES.
Le
bar "Le Cléris" (cf
années 60), sera, au début des années 70, encore le seul établissement
gay de la ville. Mais à la fin des années 70, Mona, la patronne,
annonce à ses clients qu'elle va entreprendre des travaux
d'embellissement et d'agrandissement. Le bar ferme et un énorme
chantier qui s'étend au local voisin est effectivement engagé.
Malheureusement, lorsque les palissades vont se retirer, le Cléris aura
définitivement disparu et aura été remplacé par un restaurant de
sandwichs (on ne disait pas encore fast food à l'époque). Mona aura
voulu s'épargner le déchirement des derniers jours mais des centaines
d'homos messins vont se retrouver soudainement orphelins. Une époque
s'éteint, une autre s'éveille.
"Le
Château de Buy" à
12 km de Metz, sera quelque temps une boite très attirante pour les
homosexuels même s'ils ne constituent pas la majorité de la clientèle.
Le
patron du KILT (cf années 60), Dédé
Amard ouvre une nouvelle
discothèque au 1 rue des Murs : "Le
Bizarroïde". Cet
établissement à
l'ambiance assez proche des boîtes de la rue Sainte-Anne, à Paris, sera
véritablement le lieu gay mythique de Metz de la fin des années 70.
Le
BIZARROÏDE est une boîte gay, et cela sans ambiguïté, mais où les
jeunes
hétéros et quelques filles, lesbiennes ou non, sont admises. La
réputation de son ambiance et la spécificité de sa musique dépassent
Metz et on y vient de toute la région, de Luxembourg à Nancy. Pascal,
le DJ, n'a rien à envier au
professionnalisme des DJ des boîtes parisiennes de la rue St Anne. Des
imports rares, des sons électroniques, de la disco "non commerciale"
ponctuent le tempo du Bizarroïde. Autre particularité de cet
établissement, le "portier" chargé de sélectionner la clientèle à
l'entrée est une charmante femme : Anna. Anna, avec sa gouaille
particulière, sera en quelque sorte, comme Mona quelques années plus
tôt,
l'égérie des homosexuels messins. Le Bizarroïde connaîtra quelques
tracasseries administratives, car une pleine page de publicité, achetée
dans le guide gay international "Spartacus" en 1981, ne lui vaudra pas
la
sympathie des autorités municipales, soucieuses de la bonne réputation
de leur ville. La discothèque occupe un rez-de-chaussée. Une fois passé
le couloir d'entrée, le vestiaire est à gauche. C'est là qu'on se
retrouve pour discuter, s'embrasser ou s'engueuler au calme,
loin
des décibels de la salle qui se trouve à droite. La piste est minuscule
et éclairée seulement par 4 spots un peu décolorés, mais si le décor
est minimaliste et les jeux de lumière pratiquement inexistants, la
boîte est bondée tous les jours et il est très difficile de s'y frayer
un chemin.
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Le campus du Saulcy
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Entrée discrète au "1 rue
des murs",
le temple des nuits gay des années 70 et 80
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Dans
l'après-midi, quelques bars, pas spécifiquement gay, sont aussi des
rendez-vous des jeunes homos, obligés néanmoins d'y rester discrets.
"La Cigale", près de Bon Secours, est la terrasse à la mode des années
70. Etudiants, baba-cool, gays et autres marginaux profitent de sa
terrasse aux beaux jours. Après avoir chantés tous les étés des années
70 la Cigale sera par la suite beaucoup plus sage. "Le Café de la
Belle Epoque" au Centre Saint Jacques a aussi ses habitués avant la
sortie au Bizzaroïde situé à proximité.
AFTERS.
Enfin, pour les after (le mot n'est pas encore inventé à l'époque), les
homos se retrouvent au cabaret "le Kent", impasse Chaplerue. Dans les
années 70, les horaires de fermeture des établissements sont définis
comme tel : les bars ferment au maximum à 1h, les discothèques ferment
à 2h la semaine et 3h le week-end. Seuls les cabarets, avec spectacle,
ont l'autorisation de fermer à 5h du mat. Donc à 3h, tous les homos se
retrouvent au Kent. Le spectacle du dimanche soir est un spectacle de
travestis mais d'autres spectacles de variété sont proposés par
l'établissement. On y refait le monde et on essaie surtout de ne pas
rentrer seul chez soi à l'issue de sa nuit blanche.
La dernière étape des noctambules messins sera souvent la boulangerie
Gillet, 11 rue Saint Livier au Sablon, dont l'odeur des croissants,
frais sortis du four, attirera durant des années toutes les tribus de
couche-tard, dès 4h30 en semaine et 4h00 le
week-end.
RESTAURANTS.
"Le Royal Pub", 15 rue du Petit Paris, est le
préféré des gays au début
des années 70. Derrière une vitrine minuscule se cache une très grande
salle en "L" garnie de petit box qui préservent l'intimité des
conversations, d'où l'intérêt pour les gays. L'autre intérêt est son
service tardif... mais aussi l'accueil complice de certains serveurs.
La pizzeria "le Florentin", 3 rue Vauban, dans le quartier de la gare
aura aussi ses habitués. Dans les années 70, Metz a la chance d'avoir
un restaurant ouvert 24h sur 24. "Le Buffet de la Gare" est à cette
époque un restaurant gastronomique dont la réputation culinaire a
franchi les frontières. Si l'endroit n'est pas majoritairement gay, son
immense salle très germanique et début de siècle accueille la nuit tous
les noctambules bon chic bon genre de la région, dont les homos sont la
cheville ouvrière.
Dans la deuxième moitié des années 70, c'est la pizzeria "le Gold",
situé à l'entrée du Centre Saint Jacques, qui a la faveur des homos car
tous les serveurs sont connus du milieu gay de la ville. L'endroit sera
le premier à Metz à prendre les commandes sur un petit clavier dont
sont munis les serveurs et qui transmet instantanément la commande à la
cuisine et à la caisse.
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CINEMAS.
Les premiers cinémas pornos
apparaissent en France à la fin des années
60 et au début des années 70. S'il n'est pas encore question de porno
homo, le fait que les films projetés soient hétéros n'empêche pas les
gays de se donner RDV dans ces salles et de profiter de l'obscurité
pour se livrer à quelques attouchements avec leurs voisins et plus si
affinité. A Metz, le cinéma Royal, avec sa magnifique salle historique,
sera le ciné spécialisé porno et donc très fréquenté des homos.
LIEUX DE
RENCONTRES EN EXTERIEUR
Dans
les années 70, on assiste à une légère baisse de fréquentation des
tasses au profit des parcs. Les homos messins ont mis le cap sur l'Ile
du Saulcy. Cette ile entre deux bras de la Moselle en plein centre
ville, accueille depuis peu le nouveau campus universitaire. L'endroit
est resté très sauvage sur une bonne partie de son territoire, l'autre
partie étant aménagée comme un campus à l'américaine avec des bâtiments
disséminés au milieux des espaces verts. Tout se prête à la drague : Un
parcour automobile ponctué de parkings où à une certaine heure, seuls
quelques étudiants en goguette et des homos en chasse se croisent en
voiture, des allées peu éclairées pour ceux qui on le courage de
descendre de leur voiture, et surtout un viviers de jeunes étudiants
qui ne demandent qu'à s'initier à des plaisirs nouveaux. Un petit bois
touffu à l'extrémité de l'île permet même le passage à l'acte.
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Militantisme.
ARCADIE
est la
première association homosexuelle à s'implanter en Lorraine dès les
années 70. Sous l'impulsion de son délégué régional, J. Rittié, elle
ouvre une antenne à Metz le 3 février 1974 sous la Présidence d'André
Baudry. Cette première réunion est un succès puisqu'elle rassemble près
d'une centaine d'homosexuels de toute la région et même au delà : Metz,
Nancy, Strasbourg, Colmar, Mulhouse, Belfort, Besançon,
Châlons-sur-Marne, Epinal, Bar-le-Duc et Luxembourg. La
deuxième réunion sera organisée le 20 octobre 1974. A partir de là,
Arcadie sera très active en Lorraine. Elle va organiser des réunions et
des sorties dans toute la région. Un bulletin de liaison
"Arcadie-Lorraine" va être diffusé. Elle va même mener des actions
locales : lettre à l'Evêque de Metz, intervention auprès de la
Direction de la Bibliothèque de Metz qui ne possédait aucun ouvrage sur
le sujet de l'Homosexualité. Arcadie va lui offrir 5 livres sur le
sujet et lui adresser le bulletin national. L'attitude des responsables
de la bibliothèque sera d'ailleurs plutôt bienveillante.
Les événements.
Les 23 et 24 mai 1977, a lieu à Metz un événement national touchant la
communauté homo. La seule association homosexuelle française, Arcadie,
tient son congrès national à la salle Europa (Montigny-lès-Metz). Thème
de ce congrès : "Homophilie et Bonheur". Elle est animée et dirigée par
son président André Baudry. Ce colloque connaîtra un incident, car
l'entrée en a été refusée à une autre figure du militantisme homosexuel
de cette époque, le Pasteur Doucé, prêtre ouvertement homosexuel et
dont les idées étaient jugées quelque peu révolutionnaires pour
l'association Arcadie, soucieuse de respectabilité. Ce congrès est
aussi l'occasion de présenter une enquête effectuée auprès de
provinciaux et publiée dans une brochure signée Jérôme Bernay :
"Grand'peur et misère des homophiles français."
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Les lieux gay.
LES RESTAURANTS.
En
dehors du Relais de Brichambaut et du Bénélux, ouverts à la fin des
années 60 à Nancy, c'est toujours dans les restaurants que les homos
nancéiens (qui pour la gueule ont sont) se donnent rende-vous.
"La Boutonnière", rue Braconnot, pas très loin de la
Porte de la Craffe, est aussi très appréciée des gays. Toujours dans la
vieille ville, "La Goulue", 4 rue Saint Evre et "le Mylord",
33 rue des Maréchaux, sont également fréquentés par les homos
nancéiens. Ces restaurants ne sont pas des restaurants exclusivement
gay, comme on peut en connaître à Paris, mais ils sont aussi ouverts à
tous.
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LES BARS - DISCOTHEQUES.
C'est en 1975 que Jean-Pierre Lumann ouvre
dans la rue des Maréchaux Le Rocambole. Mi-bar, mi-boite, le Rocambole est l'endroit mythique des
gays nancéiens de cette époque, le premier bar ouvertement homosexuel
de la ville. Ce qui ne signifie pas que l'entrée est libre, car il faut
sonner pour entrer. La lumière rouge au-dessus du comptoir indique à
Jean-Pierre ou à une de ses deux serveuses qu'un client attend devant
la porte. L'établissement ouvre pour l'apéritif dès 18h et l'ambiance
discothèque commence vers 22h. L'heure de fermeture officielle est de
2h, mais il arrive souvent que les clients quittent l'établissement au
petit matin. Le mot "gay-friendly" n'est pas encore inventé en 1975 et
le Rocambole est réservé uniquement aux gays et aux hommes. L'ambiance
y est plutôt décontractée et bon enfant. Les homos nancéiens dansent
sur les tubes disco de l'époque qui deviendront plus tard des standards
des boites gay : Donna Summer, Patrick Juvet, Dalida... L'ambiance y
est magique, la danse du tapis ou les premiers spectacles de
transformistes de Nancy attirent la foule. Le Rocambole sera vendu à la
fin des années 70 par Jean-Pierre et perdra sa spécificité gay. Dans
notre rubrique portraits, vous trouverez un article consacré à
Jean-Pierre Lumann.
Dès le début des années 70 deux autres discothèques ciblent aussi la
clientèle gay mais avec une ambiance différente : Le Juva Club, rue Saint Julien, ne vivra que peu de
temps. Là aussi, la danse du tapis était le clou des soirées de
garçons. Dans un tout autre genre, un suisse allemand,Gérard, ouvre rue
de la Visitation la discothèque l'Ascot. Clientèle un peu plus sélectionnée, musique un peu plus
parisienne, décor très classe avec d'énormes fauteuils en cuir,
l'endroit attire la jeunesse gay, mais aussi les hétéros BCBG et
branchés de la ville. Les filles y sont aussi admises mais au compte
goûte. Nancy est mûre pour aborder la folie des années 80.
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Jean-Pierre Lumann
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AUTRES LIEUX DE RENCONTRES.
En
ce qui concerne les rencontres un peu "chaudes", si les lieux de drague
nancéiens (le Cours Léopold et la place Carnot) ne permettent pas de
"consommer sur place" en raison de leur manque de discrétion, il existe
un endroit où les couples masculins peuvent s'ébattre en toute
quiétude, le cinéma "Nancéac", rue Saint Jean.
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Dès les années 70, quelques établissements se
sont risqués à
organiser discrètement des soirées pour les gays dnas les Vosges.
A Gérardmer la
première association homosexuelle de France (on ne disait pas encore
gay), le Club Arcadie, avait trouvé un établissement sympathisant pour
accueillir ses réunions régionales. L'Hôtel
Restaurant de Paris, rue de la gare, était tenu par un
"sympathisant" qui organisait parfois des soirées homos avec le club
Arcadie. Malgré la pudibonderie de cette première association, les
témoignages de cette époque évoquent des soirées privées
particulièrement chaudes. Cette petite station balnéaire de Gérardmer a
toujours connu une vie gay "underground" et discrète. Marc et Alain
étaient aussi connus dans cette ville, ils y ont tenu peu de temps l'Hôtel
des Voyageurs. Quelques pizzerias
et
discothèques de la ville avaient aussi la cote auprès des touristes
homos en saison (été et hiver).
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