Mesdames
Messieurs les élus,
Mesdames Messieurs en vos grades
et qualités, Mesdames
Messieurs,
Notre devoir est
celui de la mémoire, de la
vérité. Ce devoir,
l'association Homonyme
l'accomplit chaque année
depuis 1994 en déposant
une gerbe le dernier dimanche du
mois d'avril lors de la
journée de
commémoration de la
déportation.
Notre devoir est
de nous souvenir, de ne jamais
oublier les souffrances
endurées par nos
aînés
déportés en raison
de leur homosexualité.
C'est pourquoi nous leur rendons
hommage aujourd'hui, dans le
calme et la dignité, sans
signes ou symboles ostentatoires,
pour perpétuer ce devoir
de mémoire, pour ne jamais
oublier combien ont souffert les
homosexuels, hommes et femmes, au
même titre que tous les
autres
déportés.
Dès la
prise de pouvoir d'Hitler en
1933, les persécutions
homophobes ont commencé.
Au titre du paragraphe 175 du
code pénal allemand, des
centaines de milliers
d'homosexuels ont
été
arrêtés,
torturés,
déportés,
exterminés ; ceci, sur
tout le territoire du Reich, y
compris sur les territoires
annexés dont faisaient
partie l'Alsace et la Moselle. Il
est à vrai dire difficile
de donner un chiffre exact de
l'ampleur de ce génocide.
Les estimations les plus
heureuses font état de 20
000 victimes, les plus alarmantes
de centaines de milliers de
morts. Ce que l'on peut par
contre affirmer, c'est que, de
tous les homosexuels
internés en camps de
concentration, plus de 2/3
périrent avant la
Libération. Les "triangles
roses" faisaient partie des
couches les plus
méprisées des camps
dans la conception
imaginée par le
système nazi. Finalement,
l'exactitude des chiffres importe
peu, l'Histoire ne doit retenir
que cette volonté
organisée de supprimer une
catégorie d'individus, les
homosexuels, tout comme on
élimina les opposants
politiques, les juifs, les
asociaux, les infirmes, les
tziganes, les
réfugiés espagnols,
les francs massons, les
témoins de jéhova,
ou tout autre humain que
l'idéologie nazie jugeait
inférieurs.
Après
l'effondrement du régime
nazi, le génocide
homosexuel demeura longtemps et
sciemment ignoré, comme si
telle ou telle catégorie
de victimes étaient plus
"honorables" que les autres. Une
victime reste une victime. Ces
dernières années
ont vu peu à peu
émerger les
prémices d'une
reconnaissance officielle. En
novembre 2001, la Fondation pour
la Mémoire de la
Déportation a
établi un rapport
dévoilant d'ores et
déjà les noms de
210 personnes
déportées en Alsace
et en Moselle au titre de leur
homosexualité. Le 26 avril
2001, Monsieur Lionel Jospin
alors 1er ministre, tient des
propos explicites à ce
sujet "nul ne doit rester
à l'écart de cette
entreprise de mémoire. Il
est important que notre pays
reconnaisse pleinement les
persécutions
perpétrées durant
l'occupation contre certaines
minorités, les
réfugiés espagnols,
les tziganes ou ;les
homosexuels". Le 28 mars 2002,
Monsieur Jacques Floch, alors
Secrétaire d'Etat à
la défense, chargé
des anciens combattants,
évoquait en ces termes la
déportation homosexuelle
comme faisant "partie de
l'histoire de notre pays". Enfin,
le Président de la
République lui même
déclarait en 2002 que le
"devoir de mémoire
n'ignore pas les souffrances que
les homosexuels ont
endurées".
Cette
année encore, nous n'avons
pas été
associés à la
cérémonie
officielle, pourtant, nous ne
pouvons que saluer l'ouverture du
dialogue en Meurthe et Moselle et
au niveau national grâce
à l'engagement d'une
poignée d'hommes et de
femmes tels que le Ministre
Délégué aux
anciens combattants, Monsieur
Hamlaoui MEKACHERA ou plus
près de nous notre
Préfet Monsieur Claude
BALAND. La majorité des
associations lesbiennes, gay, bi,
trans demandent que soient
poursuivis et financés les
travaux de recherche pour que
soit rétablie la
vérité historique,
d'être
intégré à
part entière aux
commémorations du souvenir
au même titre que n'importe
quelle association d'anciens
déportés,
internés,
résistants et patriotes,
de participer à l'achat de
la gerbe commune à la
mémoire de TOUS les
déportés, Que soit
cité l'ensemble des motifs
de déportation du
régime concentrationnaire
nazi. Notre devoir est de ne
jamais oublier de
perpétuer le souvenir de
ce génocide, de tous les
génocides , afin que de
telles horreurs ne puissent
jamais se reproduire. Tirer les
leçons de l'Histoire,
c'est se garder pour le
futur.
Je vous invite
à observer une minute de
silence à la
mémoire de l'ensemble des
victimes de la barbarie
passée comme
présente en vous tenant
par la main en signe de
fraternité.
N'oublions jamais
la devise de notre
république "LIBERTE
EGALITE FRATERNITE"
Merci à
toutes et à tous.