Résumé:
Pour la septième
année consécutive, Couleurs
Gaies, Centre Lesbien, Gay, Bi et Trans de
Lorraine-Nord, devra commémorer en
marge de la cérémonie
officielle le martyre des 206 Alsaciens et
Mosellans déportés pour
motif d'homosexualité pendant la
Seconde guerre mondiale. Le souvenir des
souffrances infligées à ces
hommes n'a apparemment toujours pas le
droit de citer en Moselle. Une
cérémonie parallèle
aura donc lieu dans la dignité
à l'issue de la
cérémonie officielle du
dimanche 24 avril, vers 11h 00, au
Mémorial départemental de la
déportation situé au fort de
Queuleu à Metz. Cette
cérémonie, pendant laquelle
tous les motifs de déportation
seront cités, aurait pu être
évitée si les associations
d'anciens déportés avaient
daigné recevoir les
représentants de Couleurs Gaies et
si la Préfecture et l'Office
Départemental des Anciens
Combattants (ODAC) avait bien voulu faire
respecter les nouvelles circulaires
nationales. Le retour à
l'unité dans le recueillement
aurait été un symbole fort
à l'occasion du soixantième
anniversaire de la libération des
camps : RDV
manqué !
Les faits:
Entre 1939 et 1945,
l'Alsace et la Moselle sont
annexées par le Reich nazi.
Celui-ci déporte sur son territoire
les homosexuels selon les directives d'une
loi appelée communément
"paragraphe 175". 206 homosexuels
alsaciens et mosellans seront
déportés dans les camp de
concentration du Struthof et de Schirmeck
(Alsace). Parmi eux, Pierre Seel,
fiché quelques années avant
la guerre comme homosexuel par la Police
française. Au total, on estime au
plus bas à 5000 le nombre
d'homosexuels morts dans les camps de
concentration. Ils étaient issus de
plusieurs pays d'Europe, dont la
France.
Du déni au
début d'une certaine
reconnaissance:
A la fin de la guerre, les
déportés pour
homosexualité cachent le
motif de leur déportation pour
éviter de nouvelles
persécutions. Le motif de
déportation pour
homosexualité, pourtant connu des
autorités, est occulté
pendant 50 ans. Aujourd'hui, en Allemagne,
en Autriche et aux Pays-bas, les
autorités ont reconnu la
déportation des homosexuels dont la
mémoire est préservée
par des plaques commémoratives ou
des monuments funéraires. En
France, un début de reconnaissance
s'amorce en 2001. M. Lionel Jospin, alors
Premier Ministre, tient des propos
explicites à ce sujet: " Nul ne
doit rester à l'écart de
cette entreprise de mémoire. Il est
important que notre pays reconnaisse
pleinement les persécutions
perpétrées durant
l'occupation contre certaines
minorités, les
réfugiés espagnols, les
tziganes ou les homosexuels.". Le
secrétariat d'Etat aux Anciens
combattants fait alors passer une
circulaire aux préfets leur
rappelant que les associations sont
autorisées, comme tout citoyen,
à déposer une gerbe à
l'issue des cérémonies
officielles. La même année,
un rapport de la Fondation pour la
Mémoire de la Déportation
révèle que l'ouverture
récentes de certaines archives a
permis de retrouver les noms de 210
français déportés
pour motif d'homosexualité, dont
206 provenaient des départements
annexés d'Alsace et de
Moselle.
Notre
revendication:
Nous considérons
que le discours d'un Premier Ministre ne
suffit pas à compenser 50 ans de
déni historique ni à honorer
la mémoire des 210 Français
déportés pour motif
d'homosexualité. Nous demandons
depuis sept ans que les discours
prononcés lors des
cérémonies de la
Journée nationale du souvenir des
victimes et des héros de la
déportation citent les motifs de
déportation. Quelle est la valeur
éducative de ces
cérémonies si elles ne
rappellent pas pourquoi certains de nos
aînées ont été
déportés?
En 2005 : promesses
non-tenues et circulaires
non-appliquées :
En 2004, la
Préfecture de la Moselle et l'ODAC
avaient demandé aux
adhérents de Couleurs Gaies
d'être plus discrets pour faciliter,
à l'occasion des réunions de
préparation de la
cérémonie d'avril 2005,
l'amorce d'un dialogue avec la FNDIRP
(Fédération Nationale des
Déportés, Internés,
Résistants et Patriotes),
principale fédération
d'anciens déportés en
Moselle. En 2004, Couleurs Gaies a tenu sa
promesse. En revanche, malgré
plusieurs relances, notre association
attend toujours de pouvoir un jour
discuter de vive voix avec les
responsables locaux de la FNDIRP qui
refusent de nous rencontrer. Pire, il
semblerait que la Préfecture de la
Moselle et l'ODAC n'aient pas l'intention
d'appliquer les récentes
circulaires obtenues auprès de
leurs autorités de tutelle par la
Fédération française
des Centres Gais et Lesbiens, dont
Couleurs Gaies est membre. Le 8 avril
2005, le Directeur Général
de l'Office Nationale des Anciens
Combattants demandait aux Directeurs des
services départementaux de
permettre aux associations homosexuelles
d'être invitées aux
cérémonies selon un
protocole à définir
notamment en relation avec le
Préfet. Au 21 avril, Couleurs Gaies
attend toujours d'être
invitée.
En
conclusion :
Couleurs Gaies ne conteste
pas pour le plaisir de contester. La
cérémonie parallèle
que nous organisons depuis maintenant sept
ans, à l'instar de nombreuses
autres associations homosexuelles partout
en France, est un acte de protestation
contre la perpétuation de l'oubli
orchestrée par le protocole
républicain et les associations
d'anciens déportés. Le jour
où les discours des
cérémonies officielles
citeront les motifs de déportation,
notre cérémonie n'aura plus
lieu d'être. En attendant ce jour,
Couleurs Gaies appelle celles et ceux qui
veulent se recueillir à la
mémoire de toutes les victimes de
la déportation à venir nous
rejoindre au fort de Queuleu le dimanche
24 avril, vers 11h00, à l'issue de
la cérémonie
officielle.
Couleurs Gaies, Centre
LGBT - Lorraine Nord
31, rue des Tanneurs -
57000 METZ
Tél : 03.87.17.46.85.
Mel : couleursgaies@hotmail.com
Net : www.couleursgaies.org
Pour tout savoir sur la
déportation des homosexuels:
http://www.france.qrd.org/assocs/inter-centres-lgbt/trianglesroses2004.html