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:: LES ANNEES 40 :
ANNEXION,
DEPORTATION ET LIBERATION
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Annexion.
17 juin 1940 : Les troupes hitlériennes entrent à Metz.
25 juin 1940 : Avec la signature de l'Armistice, Metz redevient
allemande comme toute la Moselle, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Les lois
du Reich s'y appliquent et la germanisation est imposée immédiatement :
il est par exemple interdit de parler français. Metz est vidée de la
moitié de sa population, car ceux qui n'ont pas déjà fui l'occupant
sont expulsés en France et spoliés de leurs biens pour peu qu'ils
soient suspectés d'être juifs ou simplement trop francophiles.
La plupart des homosexuels messins n'imaginent pas ce qui les attend.
Les plus anciens d'entre eux se souviennent de la première annexion
allemande d'avant 1918 et du paragraphe 175 qui criminalisait leur mode
de vie. Mais depuis 1935, Hitler a renforcé ce paragraphe 175 et
maintenant, être soupçonné d'homosexualité, c'est s'exposer à une
déportation en camp de concentration et à une mort quasi certaine.
Evidemment, il ne s'agit pas d'attribuer à la seule communauté
homosexuelle d'Alsace-Moselle le monopole de la victimisation de la
répression nazie, mais il ne faut pas non plus l'oublier, comme ce fut
le cas durant les 50 ans qui suivront la Libération. Plus que partout
en France, il n'est plus recommandé d'être juif, communiste,
franc-maçon, témoins de Jéhovah, handicapés, malade mental ou tsigane,
mais contrairement à la zone occupée, le patriotisme pro-français ou
l'homosexualité sont aussi objets de délit et cause de déportation.
Certains
peuvent penser que ce sort n'est réservé qu'à des "délinquants sexuels"
: violeurs, pédophiles, exhibitionnistes ou pris en flagrant délit
"d'atteinte aux bonnes moeurs". Il n'en est rien. Le simple fait d'être
sur un fichier d'homosexuels, d'être dénoncé par ses voisins ou d'être
efféminé peut vous conduire en camp. La ville de Metz est partagée en
pâtés de quinze à vingt maisons (Block). Chaque Block est surveillé par
un habitant originaire d'Allemagne ou par un sympathisant nazi
(Blockleiter) qui est lui-même sous la responsabilité d'un Zellenleiter
à la tête de chaque quartier. Les faits et gestes ou le mode de vie de
chaque individu fait l'objet d'un rapport communiqué à la Gestapo dès
qu'il y a le moindre soupçon de sortir de la norme officielle. A moins
de réprimer totalement ses pulsions homosexuelles, de se marier et de
vivre une vie de famille normale et sans écart, il n'est plus question
pour les homos de vivre dans l'insouciance.
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