De
nombreux partis politiques de droite comme
de gauche ont créé des
commissions ou des structures
chargées d'étudier les
questions liées à
l'homosexualité ou à la
transsexualité. Des associations
LGBT créées à
l'initiative de partis politiques ont vu
le jour depuis quelques années. Les
questions de sociétés comme
le mariage gay, l'adoption des enfants par
les couples homoparentaux,
l'égalité des droits entre
homos et hétéros sont
désormais débattues aux
seins des partis. Plus fort encore, des
candidats qui se déclarent
ouvertement homosexuels se
présentent devant les
électeurs et sont élus.
C'est le cas du maire de Paris mais aussi
d'autres capitales comme Berlin. Qu'en
est-il dans nos provinces
rétrogrades,
éloignées de la civilisation
et dirigées par des
octogénaires dépassés
par la société qu'ils sont
censés représenter ? Avec
dix ans de décalage, les choses
commencent enfin à bouger dans les
grandes villes, mais nos campagnes restent
encore sous l'emprise du moyen-âge
et de ses préceptes
religieux.
Depuis plus de 6 ans,
LORRAINE GAY a épluché pour
vous toutes les déclarations des
hommes politiques lorrains, leurs
écrits, leurs interventions dans
les assemblées régionales ou
nationales sur les sujets qui concernent
les personnes LGBT. Nous vous proposons un
petit inventaire de l'attitude de nos
élus locaux sur la question.
Premier constat : depuis
les débats sur le pacs en 1998 et
1999, il semblerait que l'homophobie
virulente de certains de nos politiques
soit désormais l'exception. On est
passé dans le meilleurs des cas
à une prise en compte
sincère des revendications des
associations LGBT en passant par une
bienveillance parfois maladroite ou
à une indifférence sur le
sujet.
Deuxième constat :
Si les choses évoluent à
Metz et surtout à Nancy, c'est
encore loin d'être le cas dans les
Vosges, l'Est de la Moselle, le Nord de la
Meurthe-et-Moselle et la Meuse.
Troisième constat :
Il y a encore dix ans, la frontière
entre pro-LGBT et anti-LGBT était
essentiellement politique : La gauche
était majoritairement favorable aux
revendications des gay et lesbiennes et la
droite avait une attitude conservatrice
sur tous les sujet de
société. Aujourd'hui ce
partage gauche-droite est moins
évident. A part les Verts, dont la
prise en compte des préoccupations
LGBT semble être en avance sur les
autres partis, il semblerait que la ligne
de partage soit davantage
générationnelle que
politique. Les jeunes élus semblent
plus ouverts sur ces questions quelque
soit leur appartenance politique et
l'intolérence ou
l'incompréhension chronique semble
plutôt réservée
à la vieille garde.
Nous vous proposons ce
petit tour d'horizon pour chacun des 4
départements lorrains mais aussi
pour les instances
régionales.
> Octobre 1999 :
Scrutin pour l'adoption du
Pacs.
Assemblée
Nationale.
Lors des votes pour l'adoption du Pacs,
les groupes de droite de l'époque
(RPR, UDF, Démocratie
Libérale et Indépendants),
avaient appelé à voter
contre le PACS. Beaucoup de
députés se sont
rangés derrière le mot
d'ordre de leur parti par discipline et
seules quelques rares exceptions ont
voté selon leur conscience. A
gauche (PS, Communistes, Radical Citoyen
et Vert) la consigne de voter pour le pacs
a été respectée. Il
peut donc être un peu hâtif et
inexact de conclure que les
députés ayant voté
"Pour" sont gayfriendly et que ceux ayant
voté "Contre" sont homophobes.
Néanmoins, au-delà de tous
les discours généreux et de
la langue de bois de circonstance, on juge
les hommes politiques sur leurs actes et
le vote d'un député est un
acte fort. Certains reconnaissent
aujourd'hui qu'ils ont eu tort de voter
contre le pacs il y a quelques
années et ce changement d'avis les
honore mais il peut être instructif
de savoir, parmi les élus
d'aujourd'hui qui a permis aux gays et aux
lesbiennes de 1999 d'avoir le droit de
s'unir.
En Lorraine, 16
députés ont voté pour
le pacs, 6 ont voté contre et un
député a
préféré s'abstenir
sur la question.
POUR LE PACS : 16
députés : M. François
Dosé (PS), M. Jean-Louis Dumont
(PS) Claude Jacquot (PS), M. Christian
Franqueville (Divers gauche) , M.
Jean-Jacques Denis (PS), M. René
Mangin (PS), Mme Nicole Feidt (PS), M.
Jean-Yves Le Déaut (PS), M.
Jean-Paul Durieux (PS), M. Gérard
Terrier (PS), M. Aloyse Warhouver (Divers
gauche), M. Gilbert Maurer (PS), M. Roland
Metzinger (PS), M. Jean-Marie Aubron (PS),
M. Michel Liebgott, (PS), Mme Marie-Jo
Zimmermann (RPR). Il est à noter
que Mme Marie-Jo Zimmermann a fait savoir
par la suite qu'elle avait voulu voter "
contre " et que son vote pour le pacs est
le résultat d'une erreur.
CONTRE LE PACS : 6
députés : M. Denis Jacquat
(UDF), M. André Berthol (RPR), M.
Jean-Marie Demange (RPR), M.
François Vannson (RPR), M. Claude
Gaillard (UDF), M. François
Guillaume (RPR)
ABSTENTION : M. Philippe
SEGUIN (RPR)
Enfin les débats
à l'Assemblée Nationale ont
été le cadre d'un
déversement d'insultes homophobes
et d'idioties en tout genre. Nos
députés lorrains, à
part un député des Vosges
qui s'est illustré par une phrase
qui reflètait tout sauf un esprit
brillant, ont été
plutôt discrets lors de ces
débats.
Pour plus d'infos sur ce
sujet :
http://www.assemblee-nationale.fr/dossiers/pacs.asp
http://prochoix.org/mairesantipacs
Sénat
:
Le Sénat, majoritairement droite a
voté contre le PACS.
Liste des Sénateurs lorrains
s'étant exprimés sur le
projet de loi sur le pacs :
POUR LE PACS : 2
sénateurs : Gisèle Printz
(Socialiste -57), Roger Hesling
(Socialiste 57).
CONTRE LE PACS : 9
sénateurs : Jacques Bodot (Union
Centriste 54), Philippe Nachbar
(Républicains et
Indépendants 54), Gérard
Braun (RPR 88), Jean Bernadaux (Union
Centriste 54), Claude Huriet (Union
Centriste 54), Remi Herment (Union
Centriste 55), Michel Rufin (RPR 55),
André Bohl (Union Centriste 57),
Jean-Marie Rausch (Rassemblement
Démocratique et Social
Européen 57).
Le sénateur Vosgien
Christian Poncelet, en tant que
Président, n'a pas participé
au vote.
Pétition des maires
de France :
Ce débat sur le Pacs a
suscité de nombreuses
réactions dans la classe politique.
Une pétition signée par
12062 maires français
opposés à la signature du
pacs en mairie a recueilli 798 signatures
de maires lorrains en avril 1998. Cette
pétition a été
lancée par des mouvements
conservateurs et religieux
traditionnalistes. A part la
Meurthe-et-Moselle dont 13 % des maires
l'ont signé, les trois autres
départements lorrains ont
recueillis de 30 à 40 %
d'adhésion à cette
pétition. Il faut bien
reconnaître qu'aucun maire de grande
ville lorraine ne s'est hasardé
à joindre son nom à ce
mouvement ouvertement homophobe, à
part ceux de Pont-à-Mousson,
Bar-le-Duc et Verdun (nous étions
en 98). Pour connaître le
détail des signataires de cette
pétition, consulter
également nos pages sur chaque
département.
> Novembre 2003 :
Pénalisation des propos à
caractère homophobe - une occasion
ratée.
Le président Chirac
s'était engagé à
faire voté une loi sur la
pénalisation des propos à
caractère discriminatoire et
à considérer les injures
homophobes au même titre que les
injures racistes. Les textes votés
à l'époque du gouvernement
socialiste (loi du 16 nov 2001 relative
à la lutte contre la discrimination
en matière d'emploi, loi du 17
janvier 2002 de modernistion sociale
contre la distrimination par les bailleurs
de logement) devaient être
complétés, notamment par une
lois sur la presse. Une proposition de loi
déposée par messieurs
Patrick Bloche et Jean-Marc Hayrault a
été soumise dans ce sens
à l'Assemblée Nationale.
Cette proposition de loi était
signée par l'ensemble des
députés socialistes de
Lorraine, M. François Dosé,
M. Jean-Louis Dumont, M. Jean-Yves Le
Deaut, M. Jean-Marie Aubron, M. Michel
Liebgott. Malheureusement, comme cette
initiative venait du groupe socialiste,
minoritaire à l'assemblée,
elle a été rejetée le
27 novembre 2003. Les
députés ont donc toujours
tendance à privilégier la
solidarité avec leur parti par
rapport à leurs convictions
profondes. Les bonnes propositions de lois
ne peuvent donc se transformer en loi que
lorsqu'elles émanent du parti
majoritaire. Notre pays a encore des
leçons de démocratie
à apprendre. Il semblerait que
même les députés gay
ou gayfriendly privilégient leur
appartenance politique avant
l'intérêt des personnes LGBT.
La droite a donc préparé sa
propre proposition de loi sur ce
même sujet dès le 18 novembre
2003. Le député
nancéen UMP Laurent Hénart
était signataire de cette
proposition de loi qui est toujours en
attente. Les insultes homophobes peuvent
continuer.