La drague gay à
Metz dans les années 80,
c'était comment ?
A l'époque, il n'y
avait pas beaucoup de bars gay, pas de
saunas et la drague en plein air
était encore très
développée. A Metz,
c'était l'Ile du Saulcy qui
était le terrain de chasse
préféré des homos.
Pas grand-chose à voir avec
aujourd'hui : toute l'île
était envahie dès les
premières heures de la nuit. Les
voitures allaient et venaient, se
croisaient, se garaient sur tous les
parkings du campus et les garçons
se jaugeaient, se mataient pour, de temps
en temps, descendre leur vitre et tenter
d'entrer en communication. Mais les
dragueurs à pied étaient
aussi nombreux. Toutes les rives de
l'île étaient
fréquentées aussi bien
côté Nord que
côté Sud. La drague
débordait même de l'autre
coté de la Moselle, à
Longeville. Les taillis abritaient aussi
les aventures passagères. En
général, la drague à
pied était beaucoup plus productive
qu'en voiture, car il fallait une certaine
dose de motivation pour braver le
danger.
Quel danger
menaçait les homos ?
L'homophobie n'est
malheureusement pas une invention
récente. Certains imaginent qu'elle
est générée par la
plus grande visibilité des gays
dans notre société. Au
début des années 80,
l'homosexualité en province
était quasiment invisible pour les
non initiés. Les quelques bars
étaient très discrets, il
n'y avait pas internet, tout juste le
minitel, pratiquement pas de presse gay et
les quelques médias officiels
n'abordaient pratiquement jamais le sujet.
Quant aux médias locaux, comme la
presse quotidienne, ils ne l'abordaient
jamais. Il faudra attendre le
développement des radios libres
pour entendre un peu parler
d'homosexualité. Donc on ne pouvait
pas parler de prosélytisme gay, ce
qui était d'ailleurs interdit par
la loi. Pourtant les homophobes et les
casseurs de pédés
étaient nombreux.
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