Analyse
Le "politiquement
correct".
Comment ne pas être
contre ce qu'on appelle "le politiquement
correct" ou la pensée unique ?
C'est au nom du politiquement correct que
durant des dizaines d'années les
homosexuels ont été
condamnés à se taire et
à se terrer comme des
pestiférés. Les
médias, les hommes politiques, les
leaders d'opinion, les religions et
l'opinion publique elle-même, ont
toujours considéré qu'on ne
pouvait être
qu'hétérosexuel par
défaut. L'homosexualité ne
pouvait être que honteuse et
cachée. La loi n'y faisait allusion
que pour la condamner, les médias
faisaient pire que de la combattre, ils la
ridiculisaient, la singeaient ou au mieux
l'ignoraient totalement. Et
évidemment la société
dans son ensemble suivait cette
pensée unique. Pour le commun des
mortels, l'homosexualité
n'était qu'une maladie mentale ou
au mieux une perversion. Oui,
l'éditorialiste du
Républicain Lorrain a raison, il
faut combattre le politiquement correct,
il faut lutter contre la pensée
unique et le "prêt à penser"
qu'on impose aux citoyens. Il est plus que
temps que les médias soient plus
corrosifs, décalés,
originaux. Il est plus que temps que les
diverses sexualités et surtout les
divers modes de vie puissent s'exprimer.
Il est plus que temps que le
Républicain Lorrain cesse d'ignorer
totalement l'existence d'homosexuels en
Lorraine en se faisant le porte-parole de
la majorité bien pensante et
vieillissante de ses lecteurs. Combien
d'articles ce journal a-il consacré
à l'homosexualité depuis le
début de son existence ? Combien de
fois a-t-il glorifié le couple
hétérosexuel en ignorant
totalement que le mot couple peut aussi
s'appliquer aux homosexuels ? Combien de
fois a-il dénoncé les
agressions homophobes que les gays de la
région ont subi depuis des dizaines
d'années sur les lieux de drague ?
Combien de fois a-t-il parlé des
meurtres homophobes de la région
depuis ces 50 dernières
années ? Que cet
éditorialiste se rassure, la
pensée unique est encore loin
d'être du côté qu'il
imagine. Et si l'homosexualité
commence un petit peu à être
visible dans notre société,
cette visibilité est encore
largement inférieure à la
proportion que représentent les
homosexuels dans la population. Si les
homosexuels commencent timidement à
goûter à la liberté
d'expression, il est légitime
qu'ils veuillent protéger cette
liberté récente et fragile
en réclamant des lois qui leur
donnent les mêmes droits qu'à
l'ensemble des citoyens. Il est
légitime qu'ils réclament
des lois qui les protègent enfin
des agressions verbales et physiques dont
ils ont été les victimes
depuis des lustres. Il est légitime
qu'on leur applique aussi, comme à
tous les citoyens, les principes de la
République qui leur ont toujours
été refusés :
"Liberté, Egalité,
Fraternité."
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