Metz
honore ses grands hommes.
Le 19
novembre 1918, après la défaite de l'Allemagne, Metz retrouve la France
au son de la Mutte, la célèbre cloche de la cathédrale qui ne sonne que
pour les grands événements de la ville. La Mutte sonne aussi pour les
homos messins l'abandon du paragraphe 175 qui criminalisait du temps
des Allemands les relations homosexuelles. Le retour de la culture
française est symbolisée à Metz par l'hommage que la ville rend à son
enfant Verlaine. En
1919, de grandes cérémonies officielles accompagnent la pose d'une
plaque sur sa maison natale 2 rue Haute Pierre et en 1924 son buste est
installé au bas de l'Esplanade.
Croire pour autant que
l'homosexualité entre dans les m½urs d'un coup de braguette magique,
relève d'une bien mauvaise connaissance de la nature humaine et de sa
tolérance vis-à-vis de la différence. L'Allemagne, qui avait connu une
période répressive lorsqu'elle annexait Metz en raison des scandales de
m½urs qui touchaient l'entourage du Kaiser, connaît avec la République
de Weimar une véritable éclosion de l'homosexualité, surtout à Berlin.
Paris également voit apparaître une vie gay. Mais en province,
l'hypocrisie reste encore de mise. L'homosexuel ne peut être qu'un
délinquant, un lâche ou à la limite un poète mais en aucun cas un homme
estimable et respecté. Pourtant un homme parmi les plus respectés de
l'époque et dont le nom est déjà associé à la bravoure militaire avant
de passer à la postérité avec ses faits d'armes durant la 2ème guerre
mondiale, est Commandant du 151e Régiment d'Infanterie de Metz à partir
de 1932.
Cet
homme, Jean de Lattre de
Tassigny, est
pourtant aussi homosexuel. Evidemment, ses contemporains l'ignorent
pour la plupart et l'histoire officielle ne relèvera jamais ce petit
détail de peur de salir la mémoire de cet homme valeureux. De Lattre de
Tassigny n'est pas d'origine lorraine, mais son passage à Metz sera
l'occasion pour lui de mettre en pratique une conception très humaine
du commandement inspirée des théories de Lyautey sur le rôle social de
l'officier. D'ailleurs, Lyautey,
autre grand soldat de cette époque, est lui parfaitement lorrain
puisque né près de Nancy et beaucoup moins discret sur son
homosexualité.
Le Maréchal de Lattre de Tassigny résistera à l'occupant durant la
seconde guerre mondiale et sera à la tête de la Première Armée pour
libérer la France de la Provence à l'Alsace en passant par la Lorraine.
C'est lui qui signera au nom de la France, la capitulation de
l'Allemagne dont il deviendra le commandant en chef des forces
françaises d'occupation. Metz honorera la mémoire du Maréchal de Lattre
de Tassigny en donnant son nom à un boulevard du centre ville et à une
caserne.