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Discours de clôture de la marche des fiertés LGBT de Lorraine 2011.
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Patrick Roberstein |
Stéphanie Nicot |
Matthieu Gatipon-Bachette |
Les
22 avril, 6 mai, 10 et 17 juin 2012, les Françaises et les Français
seront appelés à élire une ou un nouveau Président de la République,
ainsi que de nouveaux députés.
Lors de ces élections, il ne tient qu’à nous, électeurs, de dire
clairement à celles et ceux qui brigueront nos suffrages que la
promesse de l’accession des Lesbiennes, des Gays, des Bi et des Trans à
l’égalité, avant la fin de l’année 2012, sera pour nous une condition
sine qua non de notre adhésion à leur candidature.
Nous ne voulons plus de pseudo “débats”. Toutes les pièces ont été
versées au dossier depuis bien longtemps. Les atermoiements et les
postures politiciennes n’ont que trop duré. Avec notre bulletin de
vote, en 2012, nous sommes bien déterminés à trancher…
De plus en plus d’élus lorrains se sont prononcés en faveur de cette
égalité à venir qui nous mobilise : André Rossinot, maire de Nancy,
Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle,
Laurent Hénart, député de Nancy, Mathieu Klein, 1er vice-président du
Conseil général de Meurthe-et-Moselle, bien d’autres encore… Parmi les
nombreux élus qui se sont prononcés en faveur de l’égalité des droits,
vous chercherez en vain des élus mosellans et messins de premier plan :
le maire de Metz et le Président du conseil régional de Lorraine, par
exemple, se sont tus et ne nous ont pas apporté leur soutien. Pourquoi
?
Qu'elle est belle, pourtant, l’égalité promise par notre devise
républicaine ! Qu'elle est belle, mais comme sa réalité concrète évolue
en fonction de celui qui l’invoque… Aussi est-il nécessaire, pour
éviter les désillusions post-électorales, de définir ce que, pour nous,
elle implique.
Au préalable, nous devons affirmer que l’égalité n’oubliera pas les
personnes transidentitaires. Les dernières avancées juridiques en
faveur des Gays et des Lesbiennes ne devront pas se négocier au
détriment des transgenres, que l’Etat français soumet toujours à
l’obligation de stérilisation avant tout changement d’état civil, au
mépris des recommandations du commissaire européen aux Droits de
l’Homme et de la résolution 1728 (2010) du Conseil de l’Europe,
pourtant votée par la France ! Notre refus d’accepter l’abject deal
imposé par l’État français – « changement d’état civil contre preuve de
stérilisation » – a produit, à Nancy, un paradoxe réjouissant.
Stéphanie et sa compagne Élise se sont vues offrir, par ceux-là même
qui les discriminent, un merveilleux cadeau qui fera battre le c½ur de
tous les gays et toutes les lesbiennes de France. Ceux qui opposent
encore la haine de la différence à la diversité de l’amour ont créé les
conditions juridiques qui permettent à deux femmes, deux lesbiennes, de
se marier à la mairie de Nancy – dont nous tenons à saluer ici
l’attitude républicaine exemplaire.
C’est pourquoi nous exigeons le droit au changement immédiat d’état
civil, indépendamment du sexe biologique, sans obligation de
stérilisation, gratuitement et sur simple demande.
L’égalité, c’est aussi de permettre à nos familles de bénéficier de la
même protection juridique que les familles hétérosexuelles. Pour cela,
il est urgent de permettre l’adoption d’un enfant par celui ou celle
qui l’aura éduqué, même s’il ne lui a pas donné la vie. Il est urgent
d’ouvrir le mariage républicain aux couples homosexuels. Il est urgent
d’autoriser l’adoption et l’accès aux techniques de procréation
médicalement assistée à toute personne offrant les garanties d’un
projet parental cohérent. Les formes familiales contemporaines sont
plus que jamais d’une infinie variété.
Ceux qui nient cette réalité sont aveuglés par les discours
réactionnaires des institutions religieuses ou complices des propos
haineux de l’extrême-droite. La famille française est plurielle, nous
sommes pour cette famille-là, diverse et aimante !
L’égalité, c’est enfin l’assurance de ne plus être discriminé lorsque
l’on répond à l’appel du Centre National de Transfusion Sanguine pour
donner son sang. Le don du sang est un acte citoyen qui engage la
responsabilité de chacun.
Écarter systématiquement les homosexuels du don du sang revient à
considérer qu’ils seraient moins citoyens et moins responsables que les
hétérosexuels. Une sélection respectueuse des donneurs doit se fonder
sur la déclaration des pratiques sexuelles et non pas sur une simple
déclaration d’identité.
En Lorraine, des élus de gauche et de droite ont pris position en
faveur de l’égalité des droits pour les Lesbiennes, les Gays, les Bi et
les Trans. Nous les saluons. Néanmoins, nous, associations LGBT, à
Nancy, à Metz et partout en France, nous restons attentifs aux projets
portés par leurs mouvements politiques respectifs au niveau national.
Force est de constater que l’UMP est aujourd’hui, avec le Nouveau
Centre, responsable du fait que la République française soit à la
traîne de presque toutes les monarchies constitutionnelles d’Europe de
l’Ouest en matière d’égalité des droits. Cette aberration politique est
une honte pour notre pays, héritier de la Révolution de 1789 et de la
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Mais les partis de
gauche sont loin d’être irréprochables : au niveau national, par
exemple, PS, PCF, PG, EELV, NPA ne se sont pas encore engagés en faveur
du changement d’état civil libre et gratuit pour les personnes
transgenres.
Liberté, Egalité, Fraternité : nous le voulons pour nous, et pour tous les autres, tout de suite !
Il vous appartient donc, tous et toutes, individuellement et
collectivement, de mener le travail de conviction qui ramènera vers
d’authentiques principes républicains les élus qui parient encore sur
des postures réactionnaires. Il vous appartient de faire en sorte que
les élus qui s’obstinent à vouloir nous maintenir dans un statut
d’infériorité juridique ne soient plus jamais élus.
En 2012, nous trancherons !
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information
mise en ligne le 04/06/11 |
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