Lorraine
Gay est juste constituée d'un poignée de militants LGBT qui se sont
engagés dès les années 80, pour les plus anciens d'entre eux, dans le
mouvement associatif gay lorrain, et qui, depuis 2000, à travers ce
site, essaient de rassembler les diverses opinions des associations
LGBT lorraines et de promouvoir les initiatives privées. Nous n'avons
pas la légitimité que pourraient nous donner quelques centaines
d'adhérents, mais nous avons derrière nous une longue expérience des
combats destinés à sortir l'homosexualité du placard et de la meilleure
façon d'y parvenir, surtout au regard des progrès engrangés depuis les
années 70.
Nous ne prétendons pas non plus être représentatifs des personnes LGBT
qui, dans leur grande majorité, ne considèrent pas nécessairement leur
homosexualité comme une cause politique ou comme un étendard et votent
en fonction de choix économiques, sociaux ou de politique étrangère et
ne mettent les choix sociétaux qu'en arrière plan.
En revanche, toute notre vie a été consacrée à sortir l'homosexualité
de l'ornière de la répression et de la honte, et lorsque nous avons un
choix politique à faire, comme c'est le cas aujourd'hui, nous le
faisons après réflexion et en toute transparence. Notre opinion
n'engage que nous et nous n'appelons personne à nous suivre. En
revanche, si nous pouvons apporter des réponses à ceux qui s'en posent
encore, il est de notre devoir de le faire.
Nous avons donc décidé de voter, sans aucune hésitation, François
Hollande au second tour de l'élection présidentielle.
Notre choix s'est déterminé au regard des propositions des deux
candidats sur l'égalité des droits entre homos et hétéros, sur la lutte
contre l'homophobie, sur la lutte contre le sida, sur la reconnaissance
de l'homoparentalité, mais aussi sur le bilan du candidat sortant sur
les sujets sociétaux et le respect des ses engagement de 2007.
Même si nous ne signons pas un chèque en blanc à François Hollande, car
dans son camp il reste encore, surtout en région, des élus dont le
positionnement oscille entre homophobie revendiquée et ignorance des
sujets qui préoccupent les personnes LGBT, nous considérons que la
plupart des revendications des militants LGBT trouvent un écho positif
dans le programme de ce candidat.
Du
coté du
candidat Sarkozy, les engagements frileux pris en 2007 auprès des
personnes LGBT sont restés lettre morte. Les petits progrès promis ont
juste laissé la place à des reculs. Aujourd'hui la France, qui se
permet de donner des leçons de respect des droits de l'homme au reste
du monde, va être en raison de la politique de M. Sarkozy, un des
derniers pays occidentaux au monde à accorder les mêmes droits aux
homos et aux hétéros. Même des pays soumis à l'influence forte de la
religion comme l'Espagne, même les pays d'Amérique latine, à peine
sortis de dictatures répressives, ont ouvert le mariage à tous. Faut-il
lui donner 5 ans de plus pour que la France prenne le risque d'être
désormais derrière des pays comme Cuba ou l'Inde en matière des droits
de l'homme ? La trace que sa présidence laissera dans l'histoire ne
pourra jamais plus être effacée. La France a raté son rendez-vous avec
l'histoire des droits de l'homme.
Nous pourrions éventuellement
nous en faire une raison si cette politique avait été le reflet de
l'opinion de la grande majorité des français. Nous pourrions considérer
ces choix comme légitimes s'il correspondaient à la conscience même du
Président Sarkozy. Or la grande majorité des français est favorable à
l'égalité des droits entre homos et hétéros, même au sein des partis de
droite et de l'UMP, le sujet du mariage pour tous n'est plus contesté.
Sarkozy lui-même considère qu'il est légitime. Il reconnait qu'un
couple homo peut remplir parfaitement son rôle de parents. Il admet que
l'amour homosexuel est à traiter sur le même plan que l'amour
hétérosexuel. Son constat pourrait donc nous satisfaire mais ce qui est
déroutant c'est sa conclusion : "je suis contre le mariage homosexuel
car il ouvrirait la porte à l'adoption". Il justifie cette
conclusion
par le fait que "en ces temps troublés où notre société a besoin de
repères, je ne crois pas qu’il faille brouiller l’image de cette
institution sociale essentielle qu’est le mariage"!! De qui se
moque-t-on ? La campagne du deuxième tour nous a apporté toutes les
réponses sur le pourquoi de ce décalage entre son constat
et sa
conclusion. Sarkozy se sert des homos pour faire de l'½il à son extrême
droite, incarnée par les vieux militants du Front National et les
grenouilles de bénitier de la droite populaire. Nous sommes les otages
de ses tactiques électoralistes d'un autre âge, de ses combines
mathématiques pour grappiller des voix du coté de la vieille droite
conservatrice et homophobe.
Notre réponse s'impose : Sarkozy
n'aura pas nos voix. Et pour que son désaveux soit le plus large
possible, nous voterons Hollande.
Notre combat ne s'arrêtera pas
pour autant au lendemain du second tour, même dans l'hypothèse d'une
victoire de la gauche. Il nous faudra rester vigilants pour que les
promesses soient respectées et que localement, la lutte contre
l'homophobie soit
enfin prise au sérieux dans tous les échelons décisionnels.