C'est la première fois, en
Lorraine, et pour nous c'est quelque chose d'extrêmement émouvant, que
les transsexuelles ne sont pas quelques unes, cachées dans la foule,
mais qu'elles ont la fierté, pour la première fois, d'être là avec leur
banderole : "Pas de psychiatrisation des Trans" et avec leur
association, créée en septembre dernier : Trans Aide.
Nous sommes particulièrement
fier(e)s et heureux(ses) d'être aujourd'hui avec vous tous, gay, bi,
lesbiennes et aussi hétérosexuel(le)s. Nous sommes fières aujourd'hui
car ce que vous ignorez, ce qu'ignorent la plupart de nos concitoyens
et concitoyennes, c'est le véritable martyrologe que les Trans ont subi
et continuent de subir en France. Ce martyrologe, il repose d'abord sur
une agression que vous, gay et lesbiennes avez subi durant tant
d'années. C'est l'insulte fondamentale qui nous est faite. Cette
insulte, c'est de nous traiter de malades mentales. C'est de nous
psychiatriser. C'est de considérer que lorsqu'on naît garçon ou fille
et que psychiquement on se sent autrement, qu'on n'a pas le droit de
changer son corps pour se sentir mieux dans sa peau, pour se sentir
épanoui(e) dans le sexe qu'on s'est choisi.
Il était temps que dans ce
pays - ça se passe en Lorraine, ça se passe aussi avec nos amis(e)s de
STS Strasbourg, ça se passe dans de nombreuses villes où se créent des
associations Trans en ce moment - nous puissions parler librement de
cette véritable persécution à deux niveaux : psychiatrique et d'Etat.
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- Persécution
médicalo-psychiatrique.
Ça ne concerne pas tout le
corps médical, il faut saluer ici les médecins, endocrinos et également
quelques psys ouverts qui ont le respect des individus et qui, eux, ne
violent pas le serment d'hippocrate, mais condamner et dénoncer, au nom
de toutes les personnes Trans, dont certaines en sont mortes,
l'arriération morale, mentale de la psychiatrie française.
Cette psychiatrie qui pousse
des Trans au suicide aujourd'hui encore, qui, en 2003, en a passé aux
électrochocs, et qui tente de nous imposer parce que nous nous sentons
d'un genre différent de notre sexe de naissance, de nous imposer des
soins psychiatriques, répressifs, obligatoires que nous refusons.
Et cette transphobie se
traduit par la tentative d'imposer un protocole officiel, honteux,
discriminatoire, répressif, normatif, le même qui est appliqué par les
ayatollahs en Iran pour les transsexuel(le)s. C'est pour vous dire
l'arriération de ce corps médical, national français, soi-disant
spécialiste des Trans.
- La transphobie d'Etat. C'est
le pire. Savez-vous qu'aujourd'hui deux Trans tentent de se marier :
l'une est reconnue comme femme, elle a ses papiers d'identité, il
paraît que c'est le critère pour être une femme, et l'autre, on les lui
refuse, parce qu'elle n'est pas opérée - c'est aussi une discrimination
grotesque que de regarder ce qu'on a sous nos jupes. L'Etat s'occupe
vraiment de ce qui ne le regarde pas dans ce pays. On tente de les
empêcher de se marier, parce qu'elles sont Trans, alors que l'une est
officiellement un garçon. Quand ça les arrange, on nous dénie le droit
d'être reconnu(e)s comme ce que nous sommes devenu(e)s, des garçons ou
des filles, et quand ça les arrange, on ne reconnaît pas le sexe,
revendiqué, celui des Trans.
Aujourd'hui nous réclamons,
avec l'ensemble du mouvement LGBT, tout simplement qu'on applique cette
règle élémentaire qui est que les êtres humains naissent libres et
égaux en droit. Ce droit fondamental n'est pas appliqué aux gays et
lesbiennes concernant le mariage ou l'adoption et il n'est pas appliqué
aux Trans sur quoique ce soit. Je dis aujourd'hui devant vous tous et
pour plein d'amis qui sont ici et qui défilaient tout à l'heure, ainsi
qu'a ceux et celles qui n'osent pas encore se montrer : on peut être
Trans (homme vers femme ou femme vers homme), libre, heureux(ses) et
fier(e)s à condition de se battre, et durement, contre cette
transphobie officielle.
Nous voulons aujourd'hui
sortir totalement de la nosographie psychiatrique et que la
transsexualité soit admise comme une différence et non pas comme une
maladie mentale. Nous demandons et exigeons que nous soit appliquée
l'égalité des droits, que l'Etat accepte que toute personne qui vit en
état d'identité masculine même si elle est d'origine féminine et
réciproquement, puisse avoir des papiers qui lui permettent de
s'insérer normalement, de travailler normalement, de vivre normalement.
Aujourd'hui les Trans parlent, agissent et s'organisent avec vous gay,
bi, lesbiennes, hétéros ouverts : nous obtiendrons l'égalité des droits.
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